Coût des services de garde au Nouveau-Brunswick: un frein à l’autonomisation des femmes

Quand il est devenu plus rentable de demeurer à la maison afin de s’occuper de nos enfants plutôt qu’aller travailler, il est temps de se poser des questions sur les programmes et les politiques sociales en vigueur, s’il en est. En tant que femme désirant avoir des enfants et une carrière épanouie, je ne peux m’empêcher d’aborder la situation plus qu’inquiétante des services de garde au Nouveau-Brunswick qui affecte sans contredit l’autonomie des femmes.

En effet, au cours des trois dernières décennies, le besoin en matière de services de garde d’enfants à augmenter de façon considérable. Cette augmentation ne serait être étrangère à la hausse des taux d’emploi chez les femmes et à la transformation des structures familiales.1 En fait, il en va de la discrétion des femmes d’avoir le choix, s’en être contraintes par autre chose que ce choix, de demeurer à la maison ou de retourner sur le marché du travail après la venue d’un enfant. Or, la réalité est tout autre.

Notons qu’au Nouveau-Brunswick, en 2014, le frais de garde pour un enfant d’âge préscolaire était de 27,63$ par jour.2 Ce coût exorbitant peut certainement pousser maintes femmes à demeurer à la maison par souci logique de rentabilité ou appauvrir certaines qui doivent absolument réintégrer le marché du travail afin de subvenir au besoin de sa famille, telles que les mères monoparentales et les mères travaillant à salaire minimum.

Calculons : prenons l’exemple d’une mère qui a deux enfants d’âges préscolaires. 27,63$ x 2 = 55,26$/jour. On est loin ici d’un montant raisonnable quand on sait qu’une femme qui perçoit le salaire minimum soit 10,30$/heure à 40h/semaine fait 412$. Par quel miracle peut-elle espérer joindre les deux bouts, même avec les programmes et les prestations adjacents ?

Par ailleurs, le système de garderie qui prévaut actuellement dans notre province est un obstacle pour les femmes qui désirent accéder à des postes de « leadership ». Combien de fois avons-nous entendu le gouvernement vouloir davantage de femmes au sein des partis politiques et au niveau des postes de gestion ? Il est toutefois clair que les structures actuelles sont loin d’être optimales pour les mères qui souhaitent obtenir ce type de poste. Rappelons que la participation des femmes dans les sphères décisionnelles doit, d’abord et avant tout, passer par un accès à un système de garde de qualité et abordable.

Rappelons que la participation des femmes dans les sphères décisionnelles doit, d’abord et avant tout, passer par un accès à un système de garde de qualité et abordable.

Il en va de l’avenir des femmes que le gouvernement du Nouveau-Brunswick se dote d’une politique sociale sur cet enjeu, comme l’a fait d’ailleurs notre homologue québécois, il y a déjà plusieurs années. L’investissement dans les services de garde et d’éducation à la petite enfance est un aspect essentiel à la prospérité du Nouveau-Brunswick et un soutien crucial à l’autonomie financière des femmes!

Références:
Sinha, M. (2014). Mettre l’accent sur les Canadiens : résultats de l’Enquête sociale générale. Les services de garde au Canada. Statistique Canada. 1-13.
2 Gouvernement du Nouveau-Brunswick. (2014). Rapport annuel de statistiques des services de garderie. 1-27.
Originaire de Saint-Quentin, Alexandra Côté a une maîtrise en travail social. Son mémoire de maîtrise porte sur la construction identitaire chez les jeunes femmes à partir de leurs interactions sur les réseaux sociaux. Ses intérêts se réfèrent principalement aux enjeux d’égalité des genres.
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