
Mise en contexte
En 2021, le gouvernement fédéral a annoncé la création d’un système de garde d’enfants national. Une enveloppe de 30 milliards de dollars a été allouée à ce projet. L’objectif est de réduire les frais de garde d'enfant à 10 $ par jour dans tout le pays d'ici 2026.
En décembre 2021, le Nouveau-Brunswick a finalement signé une entente de financement avec le gouvernement fédéral pour le déploiement de ce programme. Les investissements annoncés devraient permettre de diminuer de moitié les tarifs de services de garde d’ici la fin 2022, d’atteindre un taux de 10 $/jour d’ici deux ans, d’augmenter les salaires des éducatrices à la petite enfance et de créer 3400 nouvelles places.
La situation actuelle au Nouveau-Brunswick
Présentement, un programme permet aux parents de recevoir des subventions pour les garderies qui ont obtenu la désignation de « centre de la petite enfance ». Les familles où les deux parents travaillent et qui ont un revenu annuel brut inférieur à 37 501 $ bénéficient de la gratuité des services dans ces centres. Les familles ayant un revenu annuel brut entre 37 501$ et 80 000 $ peuvent recevoir des subventions, calculées en fonction du nombre d’enfants qui ont besoin d’un service de garde et de leur revenu. Les familles avec plusieurs enfants de moins de cinq ans ne paient pas plus de 20 % du revenu annuel brut de leur ménage pour la garde de leurs enfants. Nous considérons que ces subventions sont insuffisantes.
Quels sont les avantages d'un système de services de garde universel et gratuit?
Aujourd’hui, les frais mensuels moyens pour faire garder un bébé dans certaines villes de la province atteignent 868 $. Difficile à assumer pour la plupart des parents, même quand ils travaillent tous les deux (on ne parle même pas des familles monoparentales). « Tout mon salaire passe en frais de garderie », nous écrivait il y a peu l’une de nos membres. Résultat? Certains parents, souvent les mères, doivent réduire leur temps de travail et parfois même renoncer à un emploi.
Si, lorsqu’il s’agit d’un choix réfléchi au sein de la cellule familiale, le fait d’arrêter de travailler ne pose pas de problème en soi, c’en est un quand on fait le parallèle avec les chiffres de la pauvreté au féminin. Se retirer momentanément ou définitivement du marché de l’emploi a souvent des conséquences désastreuses sur l’autonomie financière des femmes, particulièrement lorsqu’arrive le temps de la retraite.
Aujourd’hui, au Nouveau-Brunswick, 67 % des personnes dont le revenu annuel est inférieur à 20 000 $ sont des femmes. Parmi elles, une majorité de femmes jeunes, noires, autochtones ou immigrantes, des femmes qui cumulent les difficultés et peinent à joindre les deux bouts. Offrir des services de garde accessibles et abordables, c’est les soutenir et leur permettre d’occuper leur juste place dans la collectivité.
Un autre argument en faveur d'un système de services de garde universel est celui de l’égalité des chances pour tous les enfants. Des services de garde d’enfants de qualité sont un véritable outil pour l’épanouissement des plus petits et pour leur ouverture au monde et aux autres. Les parents les plus favorisés trouveront toujours le moyen de faire garder leurs enfants dans de bonnes conditions. Mais les autres? Ceux qui ont justement le plus de bénéfices à retirer de la fréquentation d’une garderie? Ce qu’un service de garde peut offrir à ces enfants en termes d’acquisition du langage, de socialisation, de connaissance précoce des codes sociaux, etc., leur sera extrêmement précieux tout au long de leur parcours scolaire et professionnel.Aussi, un système de garde d’enfants universels permettrait également de créer des emplois, directement (il faut du personnel pour s’occuper des enfants) et indirectement (en permettant aux parents de travailler). En permettant aux parents, particulièrement aux femmes, de travailler, les pays qui ont investi massivement dans les services de garde d’enfants voient des effets positifs sur leur économie. Sur le plan national, la mise en œuvre d’un système de service de garde universel pourrait augmenter le PIB du Canada de plus de 10 milliards de dollars! Les investissements dans le secteur de la petite enfance sont ceux qui rapportent le plus à la société. Des recherches démontrent qu’un dollar investi dans les soins donnés à un enfant âgé de moins de six ans peut rapporter jusqu’à sept dollars à la société.
Enfin, un système de garde d’enfants accessible pourrait inciter les jeunes familles à s’installer au Nouveau-Brunswick. Si nous voulons prétendre être une terre d’accueil, ouverte à l’immigration, nous devons nous donner les moyens de soutenir les jeunes familles qui viennent s’installer chez nous. Nous devons leur fournir les services nécessaires à leur épanouissement au sein de nos communautés.
Saviez-vous que?
Les femmes acadiennes et francophones de la province cumulent les discriminations : elles doivent composer avec des enjeux liés à la fois à l’égalité des genres et à la francophonie en milieu minoritaire. Difficile par exemple de trouver une place pour faire garder son enfant en français dans certaines régions rurales au Nouveau-Brunswick. Offrir des services de garde accessibles et abordables qui respectent la dualité linguistique, c’est les soutenir et leur permettre d’occuper leur juste place dans la collectivité.Notre position
Des services de garde à l'enfance accessibles, universels, abordables, de qualité, disponibles dans les deux langues officielles doivent être une priorité pour notre gouvernement.
Une revalorisation des conditions de travail des travailleuses de ce secteur doit également être une priorité.
Pour aller plus loin
- Notre communiqué de presse "Services de garde à 10$ : une lutte de longue date qui voit enfin un résultat" (décembre 2021).
- Garderies à 10$ : l’exception néo-brunswickoise, un article de Radio-Canada publié le 9 septembre 2021.
- Valoriser les enfants, les familles et les services de garderie éducatifs, rapport final de la Commission d’étude sur les services de garde du Nouveau-Brunswick (2016).
- Le site Un enfant, une place.