Maman souriante avec son bébé dans ses bras

La position du RFNB

Nous demandons au gouvernement :

  • d’augmenter le nombre de places disponibles dans notre province, en particulier pour les enfants de moins de 2 ans et à l’extérieur des grandes villes;
  • de renforcer les services de garde à l’enfance existants afin qu’ils répondent aux besoins des familles dans toute leur diversité;
  • de garantir un nombre de places en français suffisant;
  • de développer des services de garde à l’enfance qui répondent aux besoins spécifiques des communautés autochtones, et des services culturellement appropriés pour les enfants racisés;
  • d’assurer la présence d’une main-d'œuvre qualifiée suffisante en améliorant les conditions de travail et en soutenant la formation du personnel.

Quelle est la situation ?

Mise à jour : 3 juillet 2024.

En 2021, le gouvernement fédéral a annoncé la création d’un système de garde d’enfants national. Une enveloppe de 30 milliards de dollars a été allouée à ce projet. L’objectif : réduire les frais de garde d'enfant à 10 $ par jour dans tout le pays d'ici 2026.

En décembre 2021, le Nouveau-Brunswick a finalement signé une entente de financement avec le gouvernement fédéral pour le déploiement de ce programme.

Les investissements annoncés devaient permettre :
  • de diminuer de moitié les tarifs de services de garde d’ici la fin 2022,
  • d’atteindre un taux de 10 $/jour d’ici deux ans,
  • d’augmenter les salaires des éducatrices à la petite enfance
  • de créer 3400 nouvelles places.

Or, en 2024, on constate que les objectifs sont loin d'être atteints, et l'offre de services de garde d'enfants continue d'être trop dispendieuse, peu accessible, et insuffisante.

La situation actuelle au Nouveau-Brunswick


Présentement, un programme permet aux parents de recevoir des subventions pour les garderies qui ont obtenu la désignation de « centre de la petite enfance ».

Exemple 1 :
une famille de 2 parents qui travaillent
qui ont un revenu annuel brut inférieur à 37 501 $
=> Gratuité des services dans les centres désignés.
(S'il y a des places !)

Exemple 2 :
une famille de 2 parents qui travaillent
qui ont un revenu annuel brut entre 37 501$ et 80 000 $
=>  Subventions calculées en fonction du nombre d’enfants qui ont besoin d’un service de garde et de leur revenu.
(S'il y a des places !)

Les familles avec plusieurs enfants de moins de cinq ans ne paient pas plus de 20 % du revenu annuel brut de leur ménage pour la garde de leurs enfants.
(S'il y a des places !)

Mais il manque cruellement de places subventionnées !

En moyenne, « 29 % des enfants du Nouveau-Brunswick vivent dans des déserts en matière de services de garde », selon le Rapport sur la pauvreté des enfants et des familles au N.-B. 2023 du Human Development Council (2024).

En milieu rural, c’est pire : 50 % des enfants vivent dans un désert de services de garde.

On considère un lieu comme un désert de services quand il y a plus de 3 enfants d’âge non scolaire pour 1 place de garderie à temps plein disponible. En milieu rural, la faible densité de population, l’éloignement géographique et les heures de travail atypiques rendent la création de services de garde difficiles.


Abordable et accessible : pour qui ?

Il n’y a pas assez de places en garderie, et les places subventionnées sont rares, encore plus :

  • en milieu rural;
  • dans les centres de petite enfance francophones;
  • pour les enfants de 15 à 24 mois.

Le manque de places abordables et accessibles a un impact direct sur les parents, et particulièrement les femmes. 

Au Nouveau-Brunswick, 67 % des personnes qui gagnent moins de 20 000 $ par année sont des femmes. La majorité sont des femmes jeunes, noires, autochtones ou immigrantes. Elles occupent souvent des emplois précaires, à temps partiel, aux horaires de travail de nuit ou en alternance, à salaires bas.

80 % des familles monoparentales sont dirigées par des femmes, et la moitié vit dans la pauvreté ! Sans place subventionnée en service de garde d’enfants, ces femmes ne peuvent tout simplement pas travailler.


Quels impacts sur les parents ? 

De nombreux obstacles se mettent dans le chemin des parents avec de jeunes enfants lorsqu’iels ne peuvent pas mettre leurs enfants en garderie.

Quand les parents prennent ce temps de congé du travail :

  • Leur revenu est fortement diminué;
  • Iels n’ont pas accès à des promotions;
  • Iels n’accumulent pas d’ancienneté.

Les impacts à long terme sont particulièrement ressentis par les femmes, car elles sont les plus nombreuses à ne pas retourner au travail après avoir eu un enfant.

Or, se retirer momentanément ou définitivement du marché de l’emploi a souvent des conséquences désastreuses sur l’autonomie financière des femmes. Cette autonomie financière est particulièrement importante en cas de violences conjugales.

Quels impacts sur les enfants ?
Nous avons un système à 2 vitesses. Les familles plus aisées envoient leurs enfants dans des centres d’éducation de la petite enfance. Les familles qui ne peuvent pas se le permettre doivent trouver des services moins chers ou arrêter de travailler pour garder leurs enfants à la maison.

Cela a aussi un impact sur les enfants !

Le principe d’un service de garde universel est celui de l’égalité des chances pour tous les enfants. Les centres d’éducation de la petite enfance de qualité permettent l’épanouissement des plus petits. Ils permettent de faire une première expérience de socialisation, d’ouverture au monde et aux autres.

Ces premiers apprentissages de socialisation, de langage, de créativité, sont précieux pour le développement des enfants.



Quels sont les avantages d'un système de services de garde universel et gratuit?


Aujourd’hui, les frais mensuels moyens pour faire garder un bébé dans certaines villes de la province atteignent 868 $.
C'est difficile à assumer pour la plupart des parents, même quand ils travaillent tous les 2 (on ne parle même pas des familles monoparentales).

« Tout mon salaire passe en frais de garderie », nous écrivait l’une de nos membres en 2021.
Résultat ? Certains parents, souvent les mères, doivent réduire leur temps de travail et parfois même renoncer à un emploi.

Le fait d’arrêter de travailler ne pose pas de problème en soi, si c'est un choix réfléchi au sein de la cellule familiale. Mais c'est un problème global, quand on fait le parallèle avec les chiffres de la pauvreté au féminin.
Se retirer momentanément ou définitivement du marché de l’emploi a souvent des conséquences désastreuses sur l’autonomie financière des femmes, particulièrement lorsqu’arrive le temps de la retraite, et dans les cas de violences conjugales.

On l'a dit, ce sont les femmes qui souffrent le plus de la pauvreté au Nouveau-Brunswick, et particulièrement les femmes à la croisée des oppressions : les femmes jeunes, noires, autochtones ou immigrantes, des femmes qui cumulent les difficultés et peinent à joindre les deux bouts. Offrir des services de garde accessibles et abordables, c’est les soutenir et leur permettre d’occuper leur juste place dans la collectivité.

Un autre argument en faveur d'un système de services de garde universel est celui de l’égalité des chances pour tous les enfants. Des services de garde d’enfants de qualité sont un véritable outil pour l’épanouissement des plus petits et pour leur ouverture au monde et aux autres. Les parents les plus favorisés trouveront toujours le moyen de faire garder leurs enfants dans de bonnes conditions.
Mais les autres ? Ceux qui ont justement le plus de bénéfices à retirer de la fréquentation d’une garderie ?
Un service de garde universel peut mettre les enfants sur un pied d'égalité, et leur fournir des apprentissages précieux: acquisition du langage, socialisation, connaissance précoce des codes sociaux, créativité, etc. Ces apprentissages leur seront extrêmement précieux tout au long de leur vie.

Aussi, un système de garde d’enfants universels permet également de créer des emplois, directement (il faut du personnel pour s’occuper des enfants) et indirectement (en permettant aux parents de travailler). En permettant aux parents, particulièrement aux femmes, de travailler, les pays qui ont investi massivement dans les services de garde d’enfants voient des effets positifs sur leur économie. Sur le plan national, la mise en œuvre d’un système de service de garde universel pourrait augmenter le PIB du Canada de plus de 10 milliards de dollars ! Les investissements dans le secteur de la petite enfance sont ceux qui rapportent le plus à la société. Des recherches démontrent qu’1 dollar investi dans les soins donnés à un enfant âgé de moins de 6 ans peut rapporter jusqu’à 7 dollars à la société.

Enfin, un système de garde d’enfants universel et accessible peut inciter les jeunes familles à s’installer et rester au Nouveau-Brunswick. Si nous voulons prétendre être une terre d’accueil, ouverte à l’immigration, nous devons nous donner les moyens de soutenir les jeunes familles qui viennent s’installer chez nous. Nous devons leur fournir les services nécessaires à leur épanouissement au sein de nos communautés.

Saviez-vous que?

Les femmes acadiennes et francophones de la province cumulent les discriminations : elles doivent composer avec des enjeux liés à la fois à l’égalité des genres et à la francophonie en milieu minoritaire. Difficile par exemple de trouver une place pour faire garder son enfant en français dans certaines régions rurales au Nouveau-Brunswick. Offrir des services de garde accessibles et abordables qui respectent la dualité linguistique, c’est les soutenir et leur permettre d’occuper leur juste place dans la collectivité.

Pour aller plus loin