La position du RFNB
Nous travaillons à lever les obstacles systémiques qui entravent la pleine participation des femmes, des minorités de genre et des populations vulnérables à la vie politique. Nous militons pour des gouvernements plus représentatifs de leur population.Quelle est la situation ?
Les femmes et les minorités de genre restent largement sous-représentées dans les sphères politiques, tant à l’échelle municipale, provinciale que nationale.Au rythme actuel, il faudra encore 50 ans pour atteindre la parité entre les hommes et les femmes au sein des parlements dans le monde. Au 1er janvier 2021, seuls trois parlements (au Rwanda, à Cuba et aux Émirats arabes unis) comptaient au moins 50 pour cent de femmes parlementaires.
Situation actuelle
Au niveau fédéral, les femmes occupent à peine le tiers des sièges de la Chambre des communes (30,5 % ). Comparativement à 2019, cinq femmes de plus ont été élues en 2021 mais la composition de la Chambre des communes ne représente toujours pas la population canadienne.Au Nouveau-Brunswick, avec 14 femmes élues lors des élections de 2020, 28,5 % des 49 sièges de l'Assemblée législative sont occupés par des femmes. Cela représente une augmentation modérée par rapport à l'élection de 2018 (22 %).
Au niveau municipal, des femmes ont remporté l’élection à la mairie de trois des plus grandes villes du Nouveau-Brunswick en 2021. Les femmes ne représentent néanmoins encore qu'un tiers des maires élu·es.
Nos projets
Chantier féministe
Chantier féministe est un projet que nous avons coordonné pendant trois ans, de 2017 à 2020. Nous avons mené une série d’entretiens avec des femmes qui se sont présentées en politique afin de mieux comprendre les obstacles qu'elles rencontraient. Nous avons aussi travaillé avec les partis politiques afin de trouver des solutions systémiques qui visent à rendre l’environnement politique plus propice à la participation des femmes. Dans le cadre de ce projet, nous avons privilégié une approche intersectionnelle, c’est-à-dire que nous avons veillé à prendre en compte les discriminations croisées que peuvent vivre les femmes, plus particulièrement les femmes racisées, francophones ou à faible revenu. En effet, beaucoup de avancées auxquelles nous avons assisté ces dernières années ont été à l’avantage des femmes blanches, cisgenre et de classe moyenne. Or, les obstacles pour les femmes blanches, cisgenre et de classe moyenne ne sont pas les mêmes que pour les femmes pauvres ou racisées.
Municiparité
Mené en collaboration avec l'Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick (AFMNB) entre 2018 et 2020, le projet Municiparité avait pour but d'identifier et d'éliminer les obstacles à la participation des femmes à la vie municipale. Il avait aussi comme objectif de sensibiliser les communautés acadiennes et francophones du Nouveau-Brunswick sur les difficultés rencontrées par les femmes lorsqu’elles participent à la politique municipale. Avec les municipalités participantes à ce projet-pilote, soit Cap-Pelé et Edmundston, le projet a permis de développer des stratégies concrètes, comme des modifications aux arrêtés et politiques municipales, pour réduire ces obstacles.
En avant toutes!
Lancé en 2015, ce projet visait à améliorer la représentation des femmes francophones et acadiennes au niveau des instances décisionnelles au Nouveau-Brunswick. Dans une perspective de reconnaissance et de redistribution, nous voulions outiller les organismes partenaires francophones par le biais d’ateliers et d’un guide de bonnes pratiques afin que les femmes dans toute leur diversité puissent contribuer à la prospérité de l’Acadie. Ce projet s'est clôturé en 2018.
Saviez-vous que?
Le 17 avril, on célèbre l'anniversaire du droit de vote pour les femmes au Nouveau-Brunswick. Mais saviez-vous que dans les faits, seule une partie des femmes y ont eu accès?Pistes de solutions
Pourquoi les femmes sont-elles sous-représentées en politique?
Dans le cadre de notre projet Chantier féministe, nous avons identifié plusieurs obstacles à la présence des femmes en politique, notamment :
- L’environnement : la politique reste perçue (à juste titre) comme un boys club où il est difficile d’entrer. Rien n’est fait pour que les femmes se sentent acceptées, encouragées.
- Le sexisme, le harcèlement et le racisme : les élues rencontrées nous ont fait part des difficultés rencontrées, des insultes ou des propos sexistes auxquels elles ont dû faire face.
- L’articulation travail/famille : encore aujourd’hui, la majeure partie des taches domestiques et familiales est effectuée par les femmes. Elles sont aussi beaucoup plus nombreuses à être parent monoparental.
Comment faire pour que les femmes s'investissent davantage en politique?
Un problème aussi complexe exige une réponse complexe et concertée avec toutes les parties concernées.
À court terme, des mesures visant à améliorer la conciliation vie privée/vie professionnelle peuvent être mises en place pour favoriser l'implication politique des femmes et des jeunes parents. Par exemple, des congés de paternité et maternité pour les élu·es, le remboursement des frais de garde d’enfants ou de personnes dépendantes lors des réunions, des services de garde d'enfant, un calendrier des réunions fixé à l’avance, l’utilisation des technologies de participation à distance.
Les partis et les instances décisionnelles doivent également lutter activement contre les pratiques sexistes et le harcèlement. Les femmes n’auront jamais envie de se lancer en politique si le monde politique garde cette image de boys club, où le sexisme est toléré. Il faut mettre en place des politiques internes solides concernant le harcèlement et sensibiliser les parlementaires à ces questions.
Plus généralement, l’ensemble du monde politique doit évoluer dans sa manière de penser et faire les choses s'il veut être plus inclusif. Des changements concrets sont nécessaires et cela demande une réelle volonté politique de la part des personnes qui sont en position de pouvoir.
Pour la mise en place de quotas
Les quotas s’inscrivent dans une logique d’action positive. Ils se définissent comme un ensemble de mesures préférentielles destinées à un groupe donné (ici les femmes) afin de remédier à une inégalité de fait (ici l’exclusion de la vie politique). Le quota s’inscrit dans une logique de rattrapage. Il s’agit d’encourager les femmes à participer, dans une proportion donnée, au pouvoir politique tel qu’il s’est constitué au fil des siècles. Il est donc limité dans le temps et est amené à disparaître dès que les femmes auront acquis la juste place qui leur revient dans les assemblées élues et au sein des gouvernements.
Les quotas de femmes ne sont pas discriminatoires, ils servent à compenser les handicaps qui ôtent aux femmes la part des sièges qui leur revient.
Femmes ≠ féminisme
Attention : plus de femmes dans les instances politiques ne signifie aucunement que les droits des femmes y seront davantage abordés. Plus de femmes, c’est bien pour la représentativité, pour la démocratie. Mais plus de femmes ne veut pas dire plus de politiques féministes. La représentation politique est un aspect essentiel de la démocratie et c'est pour cela que nous la défendons. Néanmoins, il est important de continuer à défendre les enjeux féministes et à demander à nos élu·es, hommes, femmes ou autres, de lutter à nos côtés.
Enfin, la mise sur point de la représentation des femmes révèle aussi l’absence de participation des personnes immigrantes, des personnes racisées et des minorités de genres, par exemple. S’intéresser au manque de représentation des femmes permet de mieux comprendre la représentation et la participation de tous les autres groupes de la société. Autrement dit, la parité n’est que le début d’un long processus afin de rendre nos institutions plus représentatives des populations qu’elles desservent.
Pour aller plus loin
- Notre manuel sur l'égalité des genres en politique, qui analyse les raisons systémiques de la faible participation des femmes à la politique provinciale au Nouveau-Brunswick (2020), réalisé dans le cadre du projet #ChantierFéministe : pour des partis politiques égalitaires.
- Notre guide d’information et d’outils pratiques pour des politiques et des systèmes plus égalitaires (2020), réalisé dans le cadre du projet #ChantierFéministe : pour des partis politiques égalitaires.
- Notre guide Municiparité, qui identifie des pistes de solution pour une meilleure participation des femmes en politique locale (2020).
- Notre guide "Comment réaliser l'égalité entre les genres dans votre milieu?", En avant toutes! (2018).
- Nos outils de bonnes pratiques à l'égalité entre les genres, En avant toutes! (2018).
- Notre guide à l'intention des femmes qui veulent se présenter en politique municipale, "On est prêtes!" (2016).
- Notre outil "Comment prendre en compte les besoins des femmes dans ta municipalité?" (2016).
Mais aussi :
- Notre centre d'informations politiques, qui reprend nos activités en lien avec les élections.
- Notre boite à outils féministe, qui comprend de nombreuses ressources.
- Le site de Radio-Canada consacré à la diversité en politique qui explique pourquoi les élu·es ne ressemblent pas aux Canadien·nes.
- L'article de Radio-Canada "Un nombre record de femmes élues au Parlement. Et après?"
- La Boussole électorale, un outil qui permet de se situer dans le paysage politique.
- À Voix Égales, une organisation multipartite qui se consacre à l'élection et au soutien des femmes à tous les niveaux de postes politiques.