La position du RFNB
Nous demandons un accès égalitaire pour toutes et tous à de l’information de qualité en matière de vie relationnelle, affective et sexuelle.Nous croyons en l’éducation à la sexualité dès le plus jeune âge et il nous semble primordial d’y intégrer la notion de consentement.
Nous souhaitons que les divers intervenant·es soient mieux outillé·es pour prévenir et intervenir sur cet enjeu.
Cet objectif s’inscrit dans un projet plus global de lutte contre les inégalités de genre et contre les violences sexuelles.
Quelle est la situation ?
Le consentement sexuel peut être défini comme l’accord libre et éclairé que l’on donne à une personne au moment d’avoir une activité sexuelle. Ce consentement doit être mutuel, c’est-à-dire que les deux personnes doivent donner leur accord. Le choix doit être totalement volontaire, c’est-à-dire que le consentement ne peut pas être obtenu par la crainte, par la force, sous l’usage de menaces, de chantage. Lorsqu’il n’y a pas de consentement, on peut parler de violence sexuelle.Traumavertissement : dans cet article, nous faisons mention d'agressions sexuelles et d'oppressions liées au genre. Cliquez ici pour accéder à une liste de ressources directement.
Situation au Nouveau-Brunswick
Selon le rapport Violences Sexuelles : concepts clés et statistiques du gouvernement du Nouveau-Brunswick, en 2021, 672 agressions sexuelles ont été signalées à la police au Nouveau-Brunswick. Un chiffre inquiétant, d'autant plus que l'on sait que moins d’1 sur 20 cas d’agression sexuelle est déclaré. De plus, le nombre d'agressions sexuelles signalées ne cesse d'augmenter d'année en année. La violence sexuelle est un problème lié au genre : les femmes sont plus susceptibles de signaler ces expériences que les hommes. Au Nouveau-Brunswick, 87 % des victimes d’infractions sexuelles sont des femmes et près de la moitié de ces victimes sont des filles de moins de 18 ans.
Notons que certaines personnes sont plus vulnérables que d’autres par leur origine ethnique, leur statut d’immigration, leur situation de handicap, leur âge, leur orientation sexuelle, leur faible revenu ou leur niveau d’éducation.
Au Nouveau-Brunswick, les personnes victimes de violence à caractère sexuel ou de violence entre partenaires intimes ont droit à 10 jours de congé qui peuvent être utilisés de façon intermittente ou continue, dont les 5 premiers jours sont payés.
La culture du viol
Comme l'explique Wikigender, la culture du viol est la manière dont le viol est perçu et représenté dans l’imaginaire collectif. La culture du viol découle de «mythes» qui faussent la réalité du viol telle qu’elle est perçue par les chiffres. Ces mythes témoignent de la persistance des stéréotypes de genre.
Toujours selon Wikigender, on peut entretenir la culture du viol sans pour autant violer des personnes, ou soutenir le viol de manière publique. La culture du viol découle de croyances et d’attitudes profondément ancrées dans nos sociétés et souvent relayées de manière inconsciente. Elle suppose que les individus entretiennent un certain nombre d’idées reçues concernant la notion de consentement à l’acte sexuel, le profil des victimes de viol et celui des agresseurs.
En d'autres termes, on parle de culture du viol pour décrire un ensemble de références et de comportements sociaux qui, volontairement ou non, banalisent, excusent ou enjolivent les agressions à caractère sexuel. C’est un ensemble de pensées, d’actions, de paroles et d’habitudes qui créent un climat propice au viol et à l’impunité des violeurs. Par exemple, raconter aux enfants qu’un homme qui embrasse une femme qui dort, c’est romantique, ou dire aux jeunes filles que leurs jupes courtes perturbent les garçons (ce qui sous-entend que c’est de leur faute si elles se font harceler).
Le consentement
Aujourd'hui, nous devons passer d'une culture du viol vers une culture du consentement. Une culture du consentement est une culture dans laquelle toute interaction est axée sur le consentement mutuel. C’est une culture qui ne force personne à faire quoi que ce soit, qui respecte l’autonomie, et qui croit que la personne elle-même est toujours la mieux placée pour déterminer ses propres désirs et besoins.
Comment s'assurer du consentement de l'autre ?
- Il y a consentement seulement si une personne a clairement dit oui. L’absence d’un « non » ne signifie pas qu’une personne donne son consentement.
- Le consentement doit être donné au moment de l’activité sexuelle et la personne doit être en mesure d’exprimer ce consentement à chaque étape de l’activité sexuelle. Il doit être renouvelé lorsque l’activité sexuelle change.
- Le consentement a lieu dans le moment présent. Une personne ne peut pas donner son consentement à l’avance.
- Le consentement peut être retiré à tout moment.
- Le silence n’équivaut pas à un consentement : il faut consentir explicitement, ce qui peut résulter des paroles ou du comportement de la personne, mais pas de son silence.
- Une personne qui n'est pas en état de donner un consentement libre et éclairé parce qu’elle dort, est inconsciente, sous l’emprise de l’alcool ou encore de la drogue, n'est pas consentante.
Malheureusement, une étude de la Fondation canadienne des femmes a révélé qu’au cours des trois dernières années, de moins en moins de Canadiennes et de Canadiens comprennent ce qu’est le consentement, à savoir seulement 45 % d’entre eux saisissent pleinement ce que cela signifie.
Saviez-vous que?
- Au Canada, 30 % des femmes de 15 ans et plus (environ 4.7 millions de femmes) ont déclaré avoir été victimes d’agression sexuelle au moins 1 fois dans leur vie.
- Le taux autodéclaré d’agressions sexuelles est 3 fois plus élevé chez les femmes et les filles autochtones que chez les femmes non autochtones.
- Les femmes sont 2 fois plus susceptibles d’être la cible d’agressions sexuelles en ligne.
- 1 jeune femme sur 2 a déjà reçu des images à caractère sexuel sans les avoir demandées.
- Les personnes qui s’identifient comme étant lesbiennes, gays ou bisexuelles sont 2 fois plus susceptibles d’être victimes de violence que leurs personnes hétérosexuelles.
- Parmi les jeunes transgenres interrogés au Canada atlantique, plus de la moitié ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel au cours de la dernière année.
Pistes de solutions
La violence sexuelle, qu'est-ce que c'est?
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit les violences sexuelles comme « tout acte sexuel, tentative pour obtenir un acte sexuel, commentaire ou avance de nature sexuelle, ou acte visant à un trafic ou autrement dirigé contre la sexualité d’une personne en utilisant la coercition, commis par une personne indépendamment de sa relation avec la victime, dans tout contexte, y compris, mais sans s’y limiter, le foyer et le travail ». Par coercition, il faut entendre le recours à la force physique (à divers degrés), l’intimidation psychologique, le chantage et les menaces.
En d’autres termes, tout acte sexuel réalisé sans le consentement d’une personne est considéré comme une violence sexuelle.
Les violences sexuelles n’impliquent pas obligatoirement un contact physique : elles peuvent aussi être verbales (comme le harcèlement sexuel) ou prendre d’autres formes, par exemple l’obligation de poser nu·e ou l’exhibition des parties génitales.
Les violences sexuelles sont un phénomène qui concerne tout le monde. Chacun·e peut y être confronté·e à un moment ou à un autre de sa vie, que ce soit de manière directe, en étant victime ou auteur, ou de manière indirecte, en étant témoin ou en connaissant quelqu’un qui en est touché directement. La majorité des victimes de violences sexuelles sont des femmes mais les hommes peuvent aussi y être confrontés. Il est important de noter que d’autres formes d’oppression – le racisme, la pauvreté, la classe sociale, la situation de handicap – augmentent la marginalisation des personnes et par la même occasion, leur risque de subir de la violence.
Les violences sexuelles s'inscrivent dans une société patriarcale profondément inégalitaire. Le continuum de violence dont sont victimes les femmes est perpétué par des phénomènes encore répandus dans notre société, comme :
- la misogynie (haine des femmes),
- le machisme (croyance en la supériorité des hommes),
- le sexisme (discrimination basée sur le sexe)
- et l’antiféminisme (contre-mouvement, souvent organisé, s’opposant au mouvement des femmes).
Pistes de solution
Pour lutter contre la violence sexuelle, il est primordial de sensibiliser l'ensemble de la population à cet enjeu. Aucune forme de violence sexuelle n’est « normale » ou tolérable.
Actuellement, il y a une lacune importante dans le curriculum scolaire des écoles au Nouveau-Brunswick. Le consentement sexuel ne figure pas parmi les apprentissages chez les jeunes. Intégrer la notion du consentement dans le curriculum scolaire provincial, dès le plus jeune âge, tout en s'assurant que les personnes intervenantes ont les ressources nécessaires est dès lors essentiel. C'est pourquoi le RFNB travaille actuellement sur le projet Cultivons la Culture du Consentement au Nouveau-Brunswick, en partenariat avec Prévention CDN-NDG et grâce à des fonds de Femmes et égalité des genres Canada et Patrimoine canadien.
La formation des professionnel·les est aussi un levier primordial pour faire changer les choses, notamment :
- dans le secteur policier et judiciaire : améliorer les lois existantes et leur mise en œuvre;
- dans le secteur de la santé : offrir un accompagnement plus spécifique aux victimes de violences sexuelles, dispenser des soins de santé précis et de qualité, diffuser des informations quant aux services ressources vers lesquels se tourner, etc..
Enfin, il est nécessaire d'augmenter le financement des organismes qui fournissent de services de premières lignes pour les personnes victimes de violence, telles que les maisons de transition et les centres d'agression sexuelle. Ces services sont primordiaux pour les victimes et méritent un financement adéquat.
Que faire si vous êtes victime de violence sexuelle ?
- Si vous êtes en danger immédiat ou si vous êtes sévèrement blessé·es, composez le 9-1-1.
- Si vous n’êtes pas en danger immédiat mais vous avez été victime de violence sexuelle, vous pourriez quand même avoir recours à des soins médicaux à votre hôpital régional, une clinique de santé ou chez votre médecin de famille.
- Certains hôpitaux ont des infirmières examinatrices des cas d’agression sexuelle du programme SANE qui sont spécialement formées pour répondre à des cas de violence sexuelle. Vous pouvez demander de parler à un infirmier ou à une infirmière SANE quand vous vous présentez au département d’urgence à l’hôpital.
- Appelez l’une des lignes d’écoute ou de soutien de la province pour recevoir plus d’informations par rapport aux services disponibles quant à la violence sexuelle.
- Ce n’est pas votre faute. Du soutien et un environnement sécuritaire vous sont disponibles. Il y a des gens qui se préoccupent de vous et qui sont prêt·es à vous écouter. Parlez à une personne en qui vous avez confiance. Composez les numéros qui figurent sur cette page. Continuez à demander de l’aide jusqu’à ce que vous obteniez ce dont vous avez besoin. Vous n’êtes pas seul·es.
Pour aller plus loin
- La liste de ressources pour les victimes de violence sexuelle au Nouveau-Brunswick.
- De nombreuses ressources sont disponibles dans notre boite à outils féministes pour mieux comprendre et s'assurer du consentement de l'autre.
- Le guide Jeunes leaders féministes, créé avec la FJFNB en 2020.
- Prévenir et intervenir pour contrer la violence sexuelle au Nouveau-Brunswick, un cadre stratégique d'action du gouvernement du Nouveau-Brunswick (2018).
- Le feuillet d’information sur la sécurité et la violenceCliq selon le genre au Nouveau-Brunswick elaboré dans le cadre du projet Résonances du Conseil des femmes du Nouveau-Brunswick.