La position du RFNB

Le RFNB sensibilise l'ensemble de la population, et plus particulièrement le gouvernement, aux enjeux entourant les inégalités économiques et sociales genrées dans la province.

Le RFNB demande : la mise en place de politiques publiques égalitaires réellement efficaces qui tiennent compte des besoins et des réalités de chacun·e.
Cela passe par :
  • le recueil de données ventilées selon le genre pour la population du Nouveau-Brunswick;
  • l'application d'une analyse inclusive selon le genre intersectionnelle à toutes les initiatives politiques.
De manière générale, la province doit investir dans des infrastructures sociales et de politiques publiques qui auront un impact concret et durable dans la vie des femmes et des personnes vulnérables au Nouveau-Brunswick. Le gouvernement doit garantir à toustes :
  • l'accès à un logement abordable,
  • des revenus suffisants,
  • l'accès aux soins de santé gratuits et bilingues,
  • l’absence de violence et d’oppression interpersonnelles et systémiques.

Quelle est la situation ?

Le Nouveau-Brunswick est l'une des provinces les plus pauvres du Canada. 

Les premières à souffrir de cette situation sont les femmes et les personnes vivant à la croisée des oppressions, comme les personnes racisées, autochtones ou porteuses d’un handicap. Selon le Centre canadien de politiques alternatives, 1/3 des travailleuses·eurs au Nouveau-Brunswick gagnent moins de 20 $ de l’heure. Parmi elleux, 54 % sont des femmes (juillet 2024).

En 2022, 9,9 % des Canadien·nes vivaient dans la pauvreté : c’est 7,4 % de plus qu’en 2021 (Statistique Canada). 5,0 % des Canadiens vivaient dans une pauvreté économique extrême, ce qui représente une hausse par rapport à 3,6 % en 2021. Certains groupes restent très vulnérables aux situations de pauvreté, notamment :

  • Les personnes seules
  • Les familles monoparentales
  • Les personnes transgenres et non-binaires
  • Les personnes autochtones
  • Les personnes racisé·es
  • Les réfugié·es et les immigrants arrivé·es depuis peu au pays. 

En 2020, on estimait déjà que plus de 150 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté au Nouveau-Brunswick (moins de 20 000 $ de revenu par année), dont un grand nombre sont des femmes, et une proportion encore plus significative des femmes autochtones. Les femmes comptent pour 54 % des personnes dont le revenu annuel est inférieur à 20 000 $. Les femmes occupent davantage les emplois précaires, à temps partiel et dont le salaire est moindre. 

Pauvreté des familles

Entre 2015 et 2020, Statistique Canada a évalué que le taux de pauvreté des familles monoparentales dirigées par une femme, ayant un enfant de 0 à 5 ans, a diminué de plus de la moitié (62,7 % d’entre elles vivaient en situation de pauvreté en 2015, contre 31, 3 % en 2020). 

Malgré cette évolution, les femmes représentent 80 % des adultes en charge d’une famille monoparentale, et plus d’1/3 d’entre elles vivent dans la pauvreté.

Au Nouveau-Brunswick, 43,4 % des familles monoparentales à faible revenu vivent dans la pauvreté. Les familles monoparentales à faible revenus dirigées par une femme ont les revenus moyens les plus faibles : moins de 10 000 $ par an. La majorité d’entre elles occupent des emplois précaires, et doivent cumuler plusieurs emplois pour subvenir à leurs besoins. On estime que 29,4 % des enfants au Nouveau-Brunswick vivent dans des ménages en situation d'insécurité alimentaire. Les enfants racisé·es sont particulièrement affectés : 1 sur 3 vit dans la pauvreté (1 sur 4 pour les enfants autochtones).

Environ 30 % des enfants au Nouveau-Brunswick habitent dans un ménage d’insécurité alimentaire.

L'impact de la pandémie


L’éclosion de la COVID-19 a été un nouveau coup dur pour la province, qui se relevait péniblement de la crise économique de 2008. Rappelons que le Nouveau-Brunswick figure parmi les provinces les plus pauvres du Canada.Tout le monde n’a pas été touché de la même manière par la crise : de nombreuses études ont par exemple démontré que les conséquences à court, moyen et long terme seront bien plus lourdes pour les femmes et les populations vulnérables que pour les autres.

 

Nous le répétons depuis des mois : nous ne pourrons pas récupérer de la COVID-19 de manière significative sans une lentille intersectionnelle sensible au genre. Si nous ne tenons pas compte du genre dans les solutions apportées à la crise, et des difficultés spécifiques aux femmes et aux populations vulnérables, nous ne ferons qu’aggraver les problèmes existants : précarité, pauvreté, salaires inégaux, accès à l’emploi, violences basées sur le genre, racisme, etc.

Il est aujourd’hui essentiel d’investir concrètement et rapidement dans des mesures correctrices des effets inégaux de la pandémie sur ces populations, et le Nouveau-Brunswick a un rôle capital à jouer pour se placer comme leader en matière d’égalité des genres et imaginer des communautés où prospérité et bien-être de l’ensemble de la population vont de pair.

Un gouvernement austère


Les différents gouvernements du Nouveau-Brunswick, toutes orientations politiques confondues, mènent depuis plusieurs années une politique d’austérité. Or, on le sait aujourd’hui, les politiques d’austérité nuisent tout particulièrement aux personnes les plus vulnérables, qui sont celles qui ont le plus besoin de services publics forts.

Cette stratégie d’austérité budgétaire est un cercle vicieux qui bride le potentiel de la province. Les services publics, et notamment la santé, sont régulièrement privés de ressources suffisantes au motif que le Nouveau-Brunswick est en déficit. Cette situation plonge toujours plus de personnes, et tout particulièrement les femmes, dans la précarité, voire la pauvreté.

Alors que les personnes vulnérables ont besoin d’un filet de sécurité sociale solide pour traverser les temps difficiles, de services de garde accessibles pour leurs enfants, de services de santé gratuits et disponibles et de mécanismes d’aide et de maintien à l’emploi pour leur permettre de rebondir, les politiques d’austérité fragilisent ces acquis sociaux et creusent la dette sociale.

Pauvreté et inégalités de genre

Les inégalités de genre sont une réalité partout au Canada et la situation économique peu florissante du Nouveau-Brunswick ne fait que creuser les écarts. Ici comme ailleurs au pays, les femmes occupent la majorité des emplois précaires, à temps partiel et moins bien payés.

Notons qu’au Canada, le marché du travail est fortement genré. Les femmes occupent majoritairement des emplois à temps partiel et atypiques. Ces emplois précaires limitent leur accès aux aides sociales. Les femmes en régions rurales, plus particulièrement, ont des occasions limitées de se sortir de la pauvreté étant donné la difficulté de trouver un emploi bien rémunéré.

Pauvreté et intersectionnalité

Les femmes immigrantes et/ou racisées sont encore plus susceptibles de vivre des discriminations, tout comme les femmes autochtones ou porteuses d’un handicap. En l’absence de mesures concrètes les aidant spécifiquement, elles pourraient bien perdre les avancées féministes âprement gagnées ces dernières décennies.

Qui sont les personnes les plus à risque de vivre dans la pauvreté ?


  • Les femmes monoparentales;
  • Les femmes âgées;
  • Les femmes en situation de handicap;
  • Les femmes autochtones;
  • Les femmes racisées;
  • Les femmes immigrantes;
  • Les femmes de la communauté 2ELGBTQQIA+;
  • Les femmes prestataires d'aide sociale.

Saviez-vous que?

Les oppressions croisées aggravent les écarts entre les genres. En moyenne, pour chaque dollar gagné par un homme employé à plein temps au Canada : 

  • Une femme née au Canada gagne 0,90 $ (9 % de moins)
  • Une femme autochtone gagne 0,81 $ (18,3 % de moins)
  • Une femme immigrante arrivée enfant gagne 0,87 $ (12,1 % de moins)
  • Une femme immigrante arrivée adulte gagne 0,75 $ (24,2 % de moins)
  • Une femme en situation de handicap gagne 54 cents

Ces chiffres mettent en lumière des inégalités salariales significatives entre les hommes et les femmes dans le Nouveau-Brunswick. Les femmes gagnent systématiquement moins que les hommes, tant en termes de revenus totaux qu’en ce qui concerne les revenus d'emploi. Cela soulève des questions sur les opportunités économiques, les conditions de travail et les politiques d'égalité des genres dans la province.  

Pistes de solutions

  •  Une approche intersectionnelle et féministe dans l'élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques (notamment par l'application d'une analyse inclusive selon le genre intersectionnelle);
  • Des filets sociaux qui assurent la sécurité et le bien-être de l’ensemble de la population. Les filets sociaux doivent être consolidés et améliorés pour aider chaque personne à vivre avec dignité en toute circonstance;

  • Un investissement massif dans le secteur public afin d’améliorer la prospérité de la province et le bien-être de l’ensemble de la population. Cela passe par un meilleur accès aux services de santé et par la mise en place d'un système de garde d'enfants public, universel, accessible et de qualité.

Pour aller plus loin


Dernière mise à jour : 9 octobre 2024