La position du RFNB
Le RFNB demande qu’une analyse inclusive selon le genre intersectionnelle soit appliquée dans l'élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques liées de près ou de loin à l’environnement. Cette analyse doit notamment être appliquée aux mesures relatives à la sécurité alimentaire et aux plans d’interventions d'urgence.Aussi, nous appelons le gouvernement provincial à investir davantage dans le secteur public afin d'améliorer le bien-être de l’ensemble de la population tout en renforçant structurellement notre économie. Cet investissement doit miser sur :
- la transition écologique,
- les énergies renouvelables,
- l’efficacité énergétique,
- l’éducation, la formation, les services sociaux de première ligne,
- la recherche et le développement durable
Le RFNB exige aussi que le gouvernement provincial réduise considérablement ses investissements dans les secteurs qui nuisent à l'environnement, comme les compagnies pétrolières et l'agriculture industrielle. L'argent économisé doit être utilisé pour développer des projets qui s’inscrivent dans une logique de développement durable, de développement communautaire ainsi que dans des programmes sociaux ambitieux.
Enfin, le RFNB demande que les instances de pouvoir entament le processus de rétablissement du contrôle politique et environnemental des terres par les communautés autochtones. Les politiques, les projets et les initiatives qui ont trait à l’exploitation et la transformation des ressources naturelles doivent être confié·e à ces communautés et que les instances de pouvoir s’engagent à leur donner une pleine autonomie sur les moyens pour atteindre des solutions durables.
Quelle est la situation ?
Des politiques publiques à la fois féministes et écologiques renforceraient la résilience de nos économies et de nos sociétés face aux enjeux environnementaux et contribueraient à l’amélioration du bien-être de l’ensemble de la population et plus particulièrement des personnes les plus vulnérables.
Quelques faits :
- Les femmes et les minorités de genre, et plus particulièrement les femmes autochtones, les femmes racisées, les femmes porteuses d’un handicap et toutes celles vivant à la croisée des oppressions, sont les premières victimes des répercussions socioéconomiques, culturelles et sanitaires des crises environnementales;
- Le taux de pauvreté accru des femmes les rend plus vulnérables aux effets des changements climatiques tels que les catastrophes naturelles, l’insécurité alimentaire et les phénomènes de migration pour raison climatique;
- Les femmes sont les premières à subir les conséquences de la surexploitation des ressources;
- Les causes profondes du changement climatique et de l’oppression systémique du patriarcat se chevauchent;
- La lutte pour la justice sociale est inextricablement liée à la lutte pour la justice climatique.
COVID-19 et environnement
La pandémie de la COVID-19 est considérée par les spécialistes comme une crise écologique, qui risque de se reproduire à l'avenir. Elle est liée aux problèmes environnementaux mondiaux, comme la perte de biodiversité, le changement climatique, la pollution de l’air et de l’eau ou la gestion des déchets. Améliorer la qualité de l’air, réduire les émissions de CO2 ou accroitre l’accès à une alimentation de qualité, produite localement, pourrait contribuer à rendre les habitant·es moins vulnérables en cas d'apparition d'une épidémie ultérieure.
Pauvreté et justice climatique
À travers le monde tout comme au Nouveau-Brunswick, les femmes sont plus susceptibles de vivre en pauvreté. On estime que plus de 150 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté dans la province, dont un grand nombre sont des femmes. Les femmes, qui comptent pour plus de 54 % des personnes dont le revenu annuel est inférieur à 20 000 $, occupent davantage les emplois précaires, à temps partiel et dont le salaire est moindre.
Cette pauvreté accrue les expose particulièrement aux effets des changements climatiques tels que les catastrophes naturelles, l’insécurité alimentaire et les phénomènes de migration pour raison climatique. Les désastres climatiques peuvent avoir de graves répercussions sur les systèmes agricoles, les filets sociaux et les infrastructures économiques, et les femmes ressentent davantage les effets puisqu’elles sont déjà vulnérables.
Prenons l’exemple d’Irving, à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, qui constitue la raffinerie pétrolière la plus importante à l’échelle nationale. Cette ville détient un taux de cancer de poumons de 50 % plus élevé que les autres villes majeures de la province. Les personnes les plus touchées ? Celles qui ne peuvent pas s’offrir de fins de semaine à la campagne et un suivi médical régulier, bien sûr! C’est-à-dire les populations les plus pauvres, dans lesquelles les femmes sont majoritaires.
L'exploitation des ressources naturelles et la violence fondée sur le genre
Selon le rapport de la commission des femmes autochtones disparues et assassinées, l’exploitation des ressources naturelles est directement liée à la violence fondée sur le genre. Dans les endroits où il y a une augmentation des travailleurs temporaires des industries d’exploitation (on pense à l’industrie minière, à l’industrie pétrolière et à l’installation des oléoducs), on constate une augmentation documentée de violence faite aux femmes et aux minorités de genre, plus particulièrement encore contre les femmes autochtones.
Un lien peut facilement être fait entre l’exploitation de l’environnement, l’appropriation du corps des femmes et l’exploitation des femmes par la société capitaliste et patriarcale.
Pistes de solutions
L’ONU pointe régulièrement l'absence de données ventilées par le genre dans les recherches sur les effets des changements climatiques. Ces données sont pourtant nécessaires pour mieux comprendre cet enjeu et surtout, pour trouver des solutions.
Bien que de plus en plus de gouvernements se penchent sur l’application d’une analyse comparative selon le genre afin de rendre compte des effets des différentes politiques publiques (notamment environnementales) sur les différentes populations, la pratique est encore insuffisante.Pourtant, de nombreuses recherches indiquent qu’une approche féministe radicale et intersectionnelle appuierait les efforts environnementalistes du monde entier, ces deux mouvements luttant conjointement contre un même système capitaliste et patriarcal.
Pour aller plus loin
- L'article "Détruisons le patriarcat, pas le climat!" sur notre blogue de résistance féministe (mars 2022).
- L'Écocast, un podcast de Codiac 93.5, avec une entrevue de notre présidente Monique Brideau sur les liens entre les luttes féministes et environnementales (2021).
- Les écoféminismes : un foisonnement intersectionnel, un article de la Gazette des femmes (2020).
- Écoféminisme et voix autochtones dans la lutte aux changements climatiques, un article de Le Climatoscope (2020).
- Vert un avenir féministe, un numéro du magazine Présentes! de l'AFFC consacré à l'environnement.