Photo de 3 jeunes personnes noires qui tendent le poing vers le ciel. Le titre de l'article se superpose à la photo.

Lutter contre l’effacement

Chercher et raconter l’histoire des communautés Noir·es et autochtones au Nouveau-Brunswick, selon Mary Louise McCarthy Brandt.

Sur les terres volées aux peuples Mi’kmaq et Wolastoqiyik (connues sous le nom Nouveau-Brunswick, Canada), on peut retracer la présence de personnes noires depuis au moins 1690. En 2021, Statistiques Canada recensait 12 100 résident·es noir·es au Nouveau-Brunswick, ce qui représente 1,6 % de la population. Comme dans d’autres provinces, plusieurs « colonies » noires existaient au 19e siècle, puis ont été délaissées au profit des grandes villes. Otnabog (renommée Elm Hill), entre Fredericton et Saint-Jean, est la communauté noire la plus ancienne du Nouveau-Brunswick, établie au début des années 1800.

Mary Louise McCarthy Brandt, chercheuse afro-descendante, est née dans une communauté rurale du Nouveau-Brunswick. Sa famille, issue de la diaspora africaine, est établie au Canada atlantique depuis 7 générations. Pendant la majeure partie de sa vie, le colonialisme blanc a effacé un pan important de son histoire familiale : son héritage autochtone. Dans son essai intitulé Mixed-Race Identity Black and Maliseet: My Personal Narrative, elle dit :

« D'aussi loin que je me souvienne, on m'a socialisée et colonisée à en finir par m’identifier et revendiquer l'identité d'une personne d'origine africaine. »
Mary Louise McCarthy Brandt (traduction libre).

Dans ses recherches, Mary Louise McCarthy Brandt tente de retracer son histoire familiale, mais aussi l’histoire de communautés entières, effacées par la suprématie blanche. Elle a constaté qu’il n’existe que très peu de recherches sur les communautés africaines au Nouveau-Brunswick, et surtout des premières colonies africaines.

Comme le dit bell hooks, une des stratégies du colonialisme et de la suprématie blanche consiste à effacer les histoires, les documents, les traces. L’histoire est donc réécrite de façon perverse et passe à l’oubli des communautés entières, ainsi que les liens qui les liaient entre elles.

« Qui je suis est indissociable de l'héritage de la colonisation. On le peut voir dans le rôle que joue la suprématie blanche dans la création de fractures, et la mise en valeur des écarts entre les communautés autochtones et les communautés noires contemporaines. »
Mary Louise McCarthy Brandt (traduction libre).

Pour comprendre pourquoi son héritage autochtone a été effacé, Mary Louise McCarthy Brandt doit parler des aspects plus subtiles, intrusifs, du projet colonial. Elle reprend les mots de Julie Kaomea, une éducatrice autochtone d’Hawaï : « il est temps de raconter des histoires plus malaisantes.» (traduction libre)

« Dans le cadre de mes recherches doctorales, j'étudie actuellement ces questions [d’héritage et de colonisation] et la manière dont elles ont affecté mon identité mélangée. Pourquoi la partie autochtone de mon identité a-t-elle été supprimée pendant tant de générations ? Qu'est-il arrivé aux premiers colons africains du Nouveau-Brunswick ? Pourquoi [...] leurs descendant·es n'ont-iels pas eu accès à leur véritable généalogie ? Pourquoi n'a-t-on pas voulu reconnaître notre sang autochtone ? Et pourquoi n'avons-nous pas été initié·es à notre mode de vie autochtone ? »
Mary Louise McCarthy Brandt (traduction libre).

Sources

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