Le prix de s’affirmer en politique (quand té pas un cis homme blanc)

Une énigme pour vous : C’est quoi la différence entre être agressive et assertive ? Selon plusieurs conseillers de la ville de Moncton, c’est ton genre ! That’s right : quand tu es une citoyenne engagée portant un œil critique sur la gestion de TA communauté, tu es soudainement une menace, watchez-vous! Du moins, c’est ce que Kate Doyle a vécu dans le dernier mois.

Fonctionnaire au fédéral avec des années d’expérience dans les organismes à but non-lucratif, Kate a posté sa candidature pour siéger sur le Comité d’examen du Plan municipal; c’est une position bénévole. Selon le site web de la ville : « Le Plan municipal de la Ville de Moncton est l’un des documents les plus importants puisqu’il constitue la feuille de route des projets de croissance et d’aménagement de la Ville. La consultation et la participation du public constituent un aspect fondamental de ce projet ». Six membres de la communauté vont siéger sur ce comité. Les applications ont été examinées et approuvées par l’équipe administrative de la ville; par la suite, les CV des candidat·es sélectionné·es, dont celles de Kate, ont été disponibles à toustes les conseillères·ers municipales·aux. Kate n’a eu aucune communication directe questionnant sa candidature. *criquets*

À une séance ordinaire publique du conseil le 26 août, le conseiller du quartier 3 Bryan Butler souligne que ce comité est très important et qu’il se sent appréhensif vis-à-vis certain·es candidate·s approuvé·es par l’équipe de la ville (sans nommer de noms). Il y a eu un vote pour examiner les candidat·es avant une approbation finale. La tension était tangible; la mairesse a même avoué que cette décision était sans précédent. Hmmm, weird.

Par la suite, Kate a fait une demande de « Loi sur le droit à l’information et la protection de la vie privée », qui a révélé des courriels absolument détestables à son sujet. Elle se fait peindre comme une personne agressive et irrespectueuse par quelques conseillers. Certains disent même qu’ils n’aiment pas l’entendre parler. Il n’y avait pas d’exemple d’un comportement violent comme tel à son égard, que du mépris.

Kate a eu le courage de diffuser ces informations humiliantes parmi les réseaux sociaux. À la séance ordinaire publique du conseil le 3 septembre, Kate, de même que 4 autres femmes de la communauté, ont dénoncé les mots et actions de ces conseillers avec une finesse remarquable. Cette expérience révèle brusquement à quel point on peut (si on veut) diminuer les voix diversifiées en politique…découlant même jusqu’à des positions BÉNÉVOLES au gouvernement MUNICIPAL. Rappelons-nous que les femmes et les minorités de genre demeurent largement sous-représentés à tous les niveaux de gouvernement.

Une diversité d’identités, de cultures et d’expériences, on s’prétend pas qu’il en a tellement parmi le conseil municipal. Moi-même, malgré mes certains privilèges (femme cis blanche), j’me vois pas vraiment reflétée parmi cet ensemble plus ou moins homogène. Donc, j’avoue que je n’y portais pas tant d’attention; c’est ça le risque de l’apathie.

Saviez-vous qu’il n’existe AUCUNE limite sur le nombre de termes que peuvent desservir nos conseillère·ers ? Iels peuvent se faire réélire éternellement jusqu’à devenir à motché des squelettes payé·es dans leur comfy chaise de bureau. Donc cela, jumelé avec l’idée que les conseillère·ers peuvent décider d’exclure des gens qu’ils n’aiment simplement pas... c’est pas mal antidémocratique. À quoi servent ces « années d’expérience » s’il n’y a clairement pas d’ouverture face à des voix variées ? Peut-être que le conseil pourrait consulter le guide de bonnes pratiques du projet de #Municiparité du RFNB ?

Bref, j’me sens soudainement attentive vis-à-vis des séances du conseil municipal; je vous encourage de vous y impliquer à votre façon. L’emmerdement injuste, ça motive ! Je reconnais que la plupart des gens n’ont peut-être pas la capacité, mais pour les autres, on peut se redonner du pouvoir avec une simple présence (virtuelle ou en personne), un courriel « agressif » demandant un changement d’approche à ton/ta conseillère·er, un vote aux élections, etc.

Pourquoi ? Parce qu’apparemment, il faut leur rappeler qu’on les WATCH. Surtout aujourd’hui, le 16 septembre, où le vote des candidats de ce comité se finalise. Il reste à voir si ces actions misogynes vont persister…

Catherine Vienneau LeClair (elle) est bibliothécaire et une personne infiniment curieuse qui habite Moncton. Elle a collaboré au Tourniquet Magazine et au Festival Frye. Elle aime les BD, les films d’horreur et ton chien/chat.
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