Ce texte fut rédigé et prononcé par Geneviève L. Latour dans le cadre de la Marche des femmes 2019 tenue à Fredericton le 19 janvier 2019.
Bonjour,
Je tiens d’abord à souligner que les terres sur lesquelles nous sommes rassemblé.e.s font partie du territoire traditionnel non cédé des Wolastoquiyik et des Mi’kmaqs.
Je sais que c’est une forme de reconnaissance qu’on entend de plus en plus en début de prise de parole. Je pense qu’à une marche comme la nôtre, il est essentiel qu’on prenne le temps de comprendre pourquoi on choisit de débuter en se rappelant que le territoire sur lequel on se rassemble est visé par des traités de paix et d’amitié que les Wolastoquiyik et les Mi’kmaqs ont conclu avec la couronne britannique en 1726.
Rappelons-nous que les traités en question ne comportaient pas de clause relative à la cession des terres et des ressources, mais reconnaissaient de fait le titre des Wolastoquiyik et des Mi’kmaqs et définissaient les règles quant à ce qui devait être des relations durables entre les nations.
Quand on m’a invité à prendre la parole, j’ai accepté tout de suite. Pendant la première marche des femmes, le 21 janvier 2017, j’étais à Moncton et je marchais en solidarité avec les femmes états-uniennes et du monde, suite à l’inauguration du président actuel des États-Unis. Des femmes de 169 pays ont marché ce jour-là.
Après la marche, j’ai lu un peu plus sur les motifs de la marche des femmes sur Washington. On parlait d’un rassemblement politique pour promouvoir les droits des femmes, la réforme de l’immigration, et la question des droits LGBTQ+, et pour répondre aux inégalités raciales, aux problèmes des travailleuses et travailleurs et aux enjeux environnementaux.
Pour moi, c’est ça la marche des femmes. Il s’agit d’une marche inclusive qui dénonce et revendique divers enjeux qui touchent les femmes et la justice sociale. D’ailleurs, pour moi, c’est ça le féminisme. Notre féminisme se doit d’être fat positive, antiraciste et anticolonialiste, transinclusif, prochoix, défiant le capacitisme et contre le classisme.
Je pense qu’on doit offrir une grande main d’applaudissement au comité organisateur de la marche des femmes 2019 de Fredericton. Vraiment, les thèmes et la programmation sont super pertinents. Les quatre thèmes pour lesquels on marche - partout au Canada - sont la santé, la sécurité économique, la représentation et la sécurité.
Vous serez d’accord avec moi que ces thèmes sont très appropriés dans le contexte du Nouveau-Brunswick. Qu’on parle d’accès à des soins d’obstétrique et d’avortement, au besoin d’une loi pour l’équité salariale dans le secteur privé, de conditions qui permettent une réelle participation et représentation des femmes ou de la violence faite aux femmes, un domaine dans lequel je travaille et je milite quotidiennement. Ces thèmes sont d’ailleurs tous interreliés. Pour en discuter davantage, je vous invite à la bibliothèque publique après la marche pour voir comment on peut poursuivre le mouvement et le dialogue après aujourd’hui.
Je terminerai avec une citation d’Audre Lorde, une femme de lettres et poète américaine noire, militante féministe, lesbienne, engagée contre le racisme. Cette citation représente bien pour moi ce qu’est la marche des femmes.
« Je ne suis pas libre tant que n'importe quelle autre femme est privée de sa liberté, même si ses chaînes sont très différentes des miennes. »
Je me permets de répéter la citation, cette fois, dans la langue dans laquelle elle a été écrite.
“I am not free while any woman is unfree, even when her shackles are very different from my own.”
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