Le 6 décembre 1989, École Polytechnique de Montréal, Marc Lépine tuait quatorze femmes. Avant de se suicider, il blâme le féminisme comme résultat de son crime. Le Parlement du Canada commémore depuis ce drame en décrétant le 6 décembre comme Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes.
Cette année, une fois de plus, les 16 jours d’action contre la violence fondée sur le genre arrivent dans un contexte précis. Plusieurs évènements importants ont interpellé les regroupements féministes comme le nôtre. Ces évènements ont envahi l’espace médiatique, #moiaussi par exemple ou encore la Commission d’enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées qui nous montre une violence institutionnalisée à laquelle les réponses et la réparation des torts se font attendre depuis trop longtemps. On peut aussi penser aux taux élevés de féminicides et de violences conjugales et toutes les violences à l’égard des femmes trans.
Le traitement médiatique
Depuis quelques semaines, on entend que Harvey Weinstein a été le « premier » à faire la une. Les médias, tant d’information que les réseaux sociaux, ont largement relayé la nouvelle. Plusieurs hommes vus comme influents ont perdu de leur grandeur. La laideur de la violence encore bien actuelle a été exposée. Plusieurs ont été choqué.es d’apprendre qu’elle existait encore.
D’autres n’ont pas été étonné.es, voyant la violence tous les jours, sous toute ces formes.
Comment se fait-il qu’après tant d’années, nous voyons encore la violence comme infondée, presque comme si elle tombait du ciel ? Voici quelques éléments de réponse.
Les attitudes et les normes sociales
La violence fondée sur le genre tire son origine d’un fondement empoisonné : la sous-évaluation et l’oppression des femmes, du seul fait qu’elles sont des femmes. Ce même principe sous-tend toutes les formes de violence.
Force est de constater l’ampleur du travail qu’il reste à faire pour l’élimination de toutes les formes de violences et d’oppressions envers les femmes et plus particulièrement envers les plus vulnérables d’entre elles qui se trouvent à la croisée de plusieurs oppressions telles que le sexisme, le racisme, le capacitisme, le colonialisme, la transphobie ou l’hétérosexisme.
Nous devons cesser de voir la violence comme un problème de femmes. La violence sexuelle fondée sur le genre une violation des droits de la personne les plus fondamentaux. C’est un problème de société.
Quoi faire ?
Le 6 décembre est une journée d’action. Commençons donc par déconstruire - à la maison, au sein de la classe politique - les stéréotypes médiatiques liés à la violence, la masculinité toxique, et la représentation des femmes.
Nous devons lutter contre tous les actes de violence dirigés contre les personnes s’identifiant comme femmes. Nous devons rappeler que ces violences reposent sur l’existence de discriminations systémiques envers les femmes et les populations vulnérables.
Ces luttes contre la violence fondée sur le genre se font par des actions concrètes et collectives qui reconnaissent le travail et l’engagement de milliers de féministes qui ont crié et qui crient encore, année après année, que la violence ne tombe pas du ciel. Elle est le résultat des gestes, de comportements discriminatoire banalisés.
Chaque fois que vous posez la question : « Qu’est-ce qu’elle portait, pourquoi veut-elle rester anonyme ? »…
Chaque fois que vous écrivez : « les féministes veulent être supérieures aux hommes »…
Chaque fois que vous énoncez : «nous sommes dans une ère de délation »…
Chaque fois que vous restez silencieux et silencieuses face au harcèlement, aux blagues sexistes et aux mains « baladeuses »...
La violence est ancrée dans nos attitudes, dans nos réflexions, dans la manière dont on pense les politiques publiques.
Les mouvements féministes la dénoncent depuis longtemps.
Qu’attendez-vous pour joindre le mouvement à votre tour en faisant partie de la solution ?
La campagne du RFNB pour les 16 jours d'activisme contre la violence fondée sur le genre : https://www.rfnb.ca/16-jours-d-activisme
Le calendrier communautaire : https://www.rfnb.ca/calendrier-communautaire
Services au Nouveau-Brunswick pour les femmes qui ont subit de la violence ou de l’abus : http://www.gnb.ca/0012/Violence/PDF/directoryservices.pdf