Bien se nourrir : un grand défi pour les femmes

Résultats d’une enquête sur le coût des aliments réalisée en 2016 au nom du Front commun pour la justice sociale du N.-B. inc.

Au Canada, se nourrir selon les normes de quantité et de qualité recommandées par Santé Canada est de plus en plus difficile pour les femmes vivant avec un budget restreint. Le besoin de se nourrir, en tant que droit humain fondamental, ne peut pas être comblé adéquatement si l’argent fait défaut. Tel est le sort de milliers de femmes et de familles monoparentales dirigés par une femme au Nouveau-Brunswick.

Selon l’enquête du Front commun pour la justice sociale, le coût moyen par année du panier de provisions nutritive se situait entre 2 131,92 $ pour une fille d’entre neuf et treize ans, puis augmentait graduellement pour atteindre un coût maximum de 2 637,48 $ à 2 637,49 $ pour une femme entre 19 et 30 ans et se situait à 2 269,08 $ pour une femme de plus de 71 ans.1 Plus les ménages sont petits, plus le prix des aliments a tendance à être élevé. Santé Canada recommande que les coefficients suivants soient utilisés pour régler le coût des aliments pour les ménages de tailles différentes :

  • Ménage d’une personne : multiplier par 1,15 ;
  • Ménage de deux personnes : multiplier par 1,10.

Tableau 1. Coût moyen par mois et année du panier de provisions nutritive en 2016 2
blog bien se nourrir tableau 1
Coût inabordable de la nourriture pour les femmes pauvres.

Compte tenu du prix de la nourriture au N.-B., des milliers de femmes à l’extrémité inférieure de l’échelle des revenus sont obligés de se priver d’aliments nutritifs lorsqu’elles vont à l’épicerie. Ceci est particulièrement le cas pour des femmes seules bénéficiaires d’aide sociale, des femmes seules à faible revenu ayant des enfants et des aînés à faible revenu.


Femme seule dépendante de l’aide sociale ou travaillant au salaire minimum

Des données de Statistique Canada sur le revenu des ménages permettent d’analyser les résultats de l’enquête du FCJS sur le coût des aliments3.En 2014, les ménages du N.-B. avaient un revenu total de 68 650 $ par an. Si on tient compte de l’inflation, cela équivaut 70 385 $ en 2016. Les statistiques indiquent que, pour un ménage à revenu moyen au N.-B., 11,9 % de ses dépenses totales servent à acheter les aliments. Ce pourcentage de 11,9 % des données de Statistique Canada a permis d’analyser les résultats de l’enquête FCJS sur l’accessibilité des personnes moins nanties à se payer des aliments nutritifs.

Le tableau 2 illustre la difficulté qu’ont les femmes pauvres à se nourrir adéquatement. En se servant de l’indicateur 11,9 % pour calculer combien il resterait d’argent à une femme sur l’aide sociale ainsi qu’à une travailleuse au salaire minimum pour se nourrir, on réalise l’ampleur de leur problème.

Tableau 2. Pourcentage du panier d’épicerie qu’une femme soit sur le bien-être social soit au salaire minimum peut se permettre d’acheter.4
Le coût du panier d’aliments nutritifs de cette femme sur le bien-être social, à 3 033 $, ne lui est sûrement pas accessible. Cette femme seule de 30 ans ne pourrait satisfaire que 31 % de ses besoins en aliments nutritifs. Cette même femme, travaillant à temps plein au salaire minimum, peut mettre 3 513 $ pour acheter ses aliments. Elle peut donc avoir accès à 116 % du panier d’aliments nutritifs. Dès qu’elle atteint un salaire de 25 487 $ par ans, elle peut complètement payer le panier d’aliments nutritifs. Ces deux scénarios comparent la situation financière de ces deux femmes quant à leur accès à une alimentation adéquate. Le coût annuel d’un panier d’aliments nutritifs, à 3 033 $, n’est sûrement pas accessible pour la femme seule en fonction de l’aide sociale.5


Femme monoparentale avec une fille.

Le revenu annuel de la mère monoparentale avec un enfant sur le bien-être social est de 18 391 $. L’utilisation de 11,9 % comme indicateur des dépenses alimentaire accorderait à elle ainsi qu’à sa fille, le montant de 2 189 $ par an pour manger. Comme l’indique le tableau 3, avec un tel montant, elles ne pourraient avoir accès qu’à 42 % du panier d’aliments nutritifs. Elles connaîtraient sûrement l’insécurité alimentaire.

Tableau 3. Pourcentage du panier d’épicerie qu’une femme avec une fille de 9 ans sur le bien-être social et au salaire minimum peut se permettre.6
blog bien se nourrir tableau 3Cette même femme, travaillant à temps plein au salaire minimum, aurait un revenu net de 29 522 $. Au tableau 3, on voit qu’en lui accordant 11,9 % de son salaire pour manger, cela lui donnerait 3 513 $ pour acheter ses aliments. Elle et sa fille ne pourraient donc avoir accès qu’à 67 % du panier d’aliments nutritifs qui revient à 5 246 $ par an. Avec si peu, elle aurait de la difficulté à se nourrir adéquatement ainsi que sa fille. Ni la femme sur l’aide sociale, ni la travailleuse au salaire minimum n’ont assez d’argent pour acheter le panier d’aliments nutritifs.7


Femme âgée de 71 ans ou plus
Selon les données de 2016 de Statistique Canada, il y avait, au N.-B., 80 200 femmes âgées de 65 ans et plus, comparativement à 67 700 hommes. En 2014 la Mesure de faible revenu après impôt indiquait que 29 000 personnes de plus de 65 ans vivaient sous le seuil de pauvreté.8 Nous savons tous que les femmes vivent plus longtemps que les hommes et qu’elles sont plus souvent qu’eux dans une situation financière plus précaire.

Une femme seule recevant la sécurité de vieillesse et le Supplément de revenu garanti recevra 17 304 $ en 2017. Lorsqu’on applique l’indicateur, 11,9 % pour obtenir le montant qu’elle peut se permettre pour la nourriture, cette femme ne peut dépenser que 2 059 $ par année. En 2016, le coût d’un panier d’aliments nutritifs était de 2 609 $ par année, donc cette femme ne pourrait que se permettre de consommer 79 % de ce panier.9


Conclusion
En utilisant le modèle mis au point par Santé Canada, le FCJS a pu calculer les coûts annuels d’un régime alimentaire nutritif le plus économique possible puisqu’on a toujours noté les prix des aliments les moins chers. L’analyse des données démontre que le montant d’argent que reçoivent les femmes sur le bien-être social les garde dans une situation lamentable sur le plan de la nutrition. Quoique moins inquiétante, la situation des femmes qui travaillent au salaire minimum ou celle des femmes ainées pose également question.


Références
1 Enquête sur le coût des aliments réalisée en 2016, Front commun pour la justice sociale
2 Ibid
3 http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/150122/dq/150122b.eng.htm
4 Enquête sur le coût des aliments réalisée en 2016, Front commun pour la justice sociale
5 Ibid
6 Ibid
7 Ibid
8 Indicateurs sociaux du Nouveau-Brunswick
9 Enquête sur le coût des aliments réalisée en 2016, Front commun pour la justice sociale
Jean-Claude Basque est le coordonnateur provincial du Front commun pour la justice social (www.frontnb.ca/). Le Front commun pour la justice sociale milite pour construire au Nouveau-Brunswick une société plus humaine, basée sur le respect de la dignité de tous et de toutes. « Nous voulons un Nouveau-Brunswick sans pauvreté, c'est-à-dire une société qui assure à chacun, riche et moins riche, des conditions de vie décentes, en particulier par l'instauration d'un salaire minimum et d'une aide sociale qui permettent de vivre et pas simplement de survivre. »
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