Justice reproductive : le RFNB applaudit Susan Holt pour un coup de plume historique

Moncton, le 07 novembre 2024 Le Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick (RFNB) remercie Susan Holt et son équipe au Parti libéral pour leur geste important envers l’atteinte d’une réelle justice reproductive au Nouveau-Brunswick. Seulement 2 semaines après des élections qui ont marqué l’histoire de la province, en élisant la première femme première ministre, le RFNB se réjouit de l’annonce, ce jeudi 7 novembre, de l’abrogation du point (a.1) de l’Annexe 2 du règlement 84-20.  

« Ça fait 17 ans que le RFNB se bat contre le règlement 84-20 », explique Geneviève L. Latour, présidente du RFNB, « car c’était une véritable barrière à l’accès à l’avortement depuis 1989. Même après que la Cour suprême du Canada ait abrogé la loi fédérale sur l’avortement en 1988, on a vu le gouvernement du Nouveau-Brunswick tenter de remettre des restrictions à ce droit. »

C’est en 1989 que le gouvernement McKenna inscrit, dans la Loi sur le paiement des services médicaux, que l’avortement ne sera pas remboursé en-dehors des hôpitaux publics désignés, et devra être approuvé pour raisons médicales par des comités d’avortement thérapeutique (CAT). Le Dr Henry Morgentaler, propriétaire de plusieurs cliniques d’avortement privées au Canada, notamment la Clinique Morgentaler de Fredericton (devenue par la suite la Clinique 554 du Dr Adrien Edgar), a intenté de nombreuses poursuites légales contre la province, qui ont mené à une poursuite de l’Association canadienne des libertés civiles. 

En 2014, le gouvernement libéral de Brian Gallant avait promis de retirer les obstacles à l’avortement et supprime les CAT, mais laisse en place la règlementation sur le remboursement des avortements par l’Assurance-maladie uniquement dans les hôpitaux publics désignés. 

« Le fait de limiter l’avortement aux hôpitaux était très problématique dans une province rurale », poursuit Geneviève L. Latour. « Faire entre 3 et 6 heures de route pour se rendre à Moncton ou Bathurst, quand on n’a pas de congés de maladie rémunérés et quand le système de santé est surchargé, c’était un obstacle conséquent. »

Par la suite, le gouvernement progressiste-conservateur de Blaine Higgs approuve le remboursement de Mifegymiso, la pilule abortive, et considère que cela suffit à garantir un bon accès à l’avortement. « Selon lui, il y avait plus de demandes d’avortement médicamenteux que d’avortements chirurgicaux, sauf que quand on a un accès restreint à une des deux options, ce n’est pas vraiment un choix » déclare Andrée-Anne Leblanc, directrice générale du RFNB. « En plus, Mifegymiso n’est pas une option pour tout le monde, et tous les médecins et pharmacies ne la délivrent pas facilement. En cas de complication, il faut être proche d’un centre de soins. Ça ne peut pas être une solution par défaut. »

Pendant près de 40 ans, le gouvernement provincial a eu la mainmise sur l’autonomie corporelle des femmes et des minorités de genre. En un coup de plume, Susan Holt vient de l’abroger, et il s’agit d’une réelle victoire pour la justice reproductive dans la province. « C’est une étape importante du combat du Dr Morgentaler, du Dr Edgar, du projet Justice reproductive N.-B., du RFNB. On est vraiment fières », déclare Geneviève L. Latour.

Cependant, il reste du travail à faire pour rendre l’avortement plus accessible sur l’ensemble du territoire, ce que la première ministre a reconnu elle-même lors de la conférence de presse du 7 novembre. Le gouvernement a annoncé que des consultations auraient lieu avec les parties prenantes, notamment la Société médicale du Nouveau-Brunswick et les autorités de santé, pour déterminer comment les soins d’avortement pourraient être fournis aux néo-brunswickois·es. Andrée-Anne Leblanc espère « que les services seront étendus aux 4 coins de la province, spécifiquement en région rurale, via le système public. » 

Le RFNB préconise l’embauche de sage-femmes pour pratiquer les avortements, ainsi que de radiologues pour améliorer les délais des échographies. Le système public doit rembourser les prises de sang en dehors des hôpitaux, quand il s’agit de valider l’efficacité des avortements par médicament. Finalement, le RFNB souhaite la mise en place de congés de maladie rémunérés afin que cette procédure ne se fasse plus aux frais des patient·es. 

« Nos membres restent mobilisé·es pour la suite des choses, mais reconnaissent l’immense bond de géante que vient d’accomplir la nouvelle première ministre, quelques jours seulement après son assermentation historique », souligne Geneviève L. Latour. « Le RFNB est ravi de cette victoire et continuera de travailler avec le gouvernement Holt pour faire avancer les différents dossiers qui concernent les femmes et minorités de genre. »

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